Alors que le monde de la photographie pleure la disparition récente de Jim Brandenburg, célèbre photographe américain et défenseur inlassable de la biodiversité et des espaces sauvages, nous recevons certainement l’un de ses héritiers en la personne de Stanley Leroux. Il partage avec un des reporters emblématiques de la National Geographic Society cet émerveillement et cet engagement viscéral pour la préservation des espèces et de la nature en général. Ils ont le même art de la discrétion et de la poésie. Notre invité cultive la même passion du règne animal et des terres australes et antarctiques. Son travail et ses ouvrages ont été jalonnés d’un succès public et institutionnel qui forcent le respect. Cinquantièmes Hurlants (paru en 2016) est une ode aux îles Falklands et les manchots qui les peuplent une partie de l’année, tandis que Rêveries (2019) dévoile un talent pictural et poétique ; Laguna Oscura (2023) prend une dimension documentaire et écologique. Stanley Leroux a reçu des éloges mérités : il devient le plus jeune français lauréat de deux médailles d’or de la société Nationale des Beaux arts, est nominé au Wildlife Photographer of the Year, lauréat des Zooms du salon de la Photo et il est récompensé par la Maison Européenne de la Photographie. Il expose ses clichés à travers le monde et son premier livre, désormais épuisé dans ses multiples éditions, intègre la collection du Yokohama Muséum of Art.
Chaque fois, ce photographe émérite décline des objets sur papier qui rappellent combien les écrins du passé demeurent une précieuse tribune à la photographie. Ainsi Laguna Oscura est une édition qui s’approprie des procédés d’impression à l’encre argentée, des modes de reliure ancestraux et des papiers artisanaux. Il subsiste dans cette démarche la volonté de laisser une trace à l’épreuve du temps. Comme si les outils du passé résonnaient plus fort et consacraient un témoignage authentique et indélébile à destination des générations futures obnubilées par les écrans et les reels. À ce titre ses deux derniers ouvrages ont été placés sous le haut patronage de la Commission nationale française de l’UNESCO. Bercés par le crépitement des flammes de notre bivouac virtuel, nous devrions recevoir un bel enseignement, mais surtout nous irradier d’une sérénité que le monde moderne et ses turpitudes peine à nous accorder désormais.

Bonne écoute !

Photo : © Stanley Leroux