Les bâtiments sont des éléments incontournables dans nos villes. Ils en dessinent la géographie et souvent le style et l’atmosphère. Cette cartographie immuable et brute façonnée par des lignes et des jeux de lumières est le terrain de jeux des photographes d’architecture. À travers ces monuments, la photographie urbaine raconte à la fois notre histoire et la manière dont nous nous approprions ces espaces. C’est la mission du photographe d’architecture : montrer ce qu’ont voulu révéler les architectes, en définir le style et les concepts afin de sublimer et parfois souligner l’extravagance ou la prouesse technique. Il suffit de penser à l’illustre Gaudí dont les réalisations sont devenues de véritables œuvres identitaires à Barcelone. Notre invité, Florent Michel, fondateur de l’agence 11h45, est un grand spécialiste de ce genre. Il tente de nous initier à cette pratique. C’est un exercice solitaire qui a parfois la valeur d’un document d’histoire. On apprend ainsi qu’en 1851 la Commission des monuments historiques avaient mandaté les photographes Henri Le Secq, Gustave Le Gray, auguste Mestral, Édouard Baldus et Hippolyte Bayard, lors d’une commande publique, la Mission Héliographique, pour recueillir des photographies d’un certain nombre d’édifices (175 au total). Un genre était né. Et il n’a eu de cesse de se développer grâce à des outils comme les objectifs à bascule et à décentrement pour respecter la rigueur et l’exactitude des lignes d’un bâtiment. Le propos qui vous est présenté dans cette émission est initiatique et navigue tantôt entre ces rappels historiques, les outils actuels et les principes théoriques comme la règle de Scheimpflug que Pascal Martin, professeur à l’ENS, nous fait l’honneur d’expliquer à nos micros. Nous espérons qu’à la faveur de ces échanges, vous puissiez voir votre ville différemment et en apprécier les lignes et les lumières qui sont elles l’apanage et la quête des photographes. Bonne écoute !

Photo : © Florent Michel / Agence11h45