Photographier la guerre. Vaste débat dans une époque ravagée par les « fake news » et « l’influence » sur les réseaux sociaux. Il fallait bien que l’on se penche sur le sujet alors que le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre vient d’être remis à un photographe ayant couvert la révolution du printemps à Yangon (Myanmar) de manière anonyme pour éviter les représailles de l’armée en place. Tout un symbole. Manoocher Deghati est sans équivoque : « On dénonce les guerres. On va sur le terrain pour montrer l’atrocité des guerres. Mon but c’est de photographier les femmes, les enfants. Les populations civiles, qui n’ont rien à voir avec le conflit et vivent dans des conditions difficiles. C’est pour cela que nous sommes des correspondants de paix. Nous sommes contre les guerres. ». Olga Kravets, à nos micros, évoque un problème de statut autour des reporters qui couvrent les conflits de par le monde et interroge sur la notion de photojournaliste en 2021. Jonas Bendiksen revient sur le scandale « The book of Veles », lui qui a monté de toute pièce une fake news moderne pour démontrer le danger d’une information manipulée et sous influence. Alors, les photojournalistes sont-ils les gardiens du temple et de nos démocraties ? Peut-être ? Sûrement ? Car comment expliquer que cette profession attire toujours et encore de jeunes vocations alors que le pire leur est promis, que l’avenir est incertain. C’est la réponse que nous sommes allés chercher lors des rencontres et la masterclass Nikon à Bayeux. Quelle stupeur que de voir tous ces jeunes s’engager sans états d’âme vers un métier décrié et dont les ressources financières s’épuisent à mesure que les journaux tombent entre des mains douteuses. La relève est bien là ! À l’instar de sa mobilisation contre le changement climatique, la jeune génération est au cœur du jeu . Active, elle s’accapare les outils numériques actuels pour élaborer ses plans, faire leurs armes et faire entendre leurs voix. Arthur et Benjamin, n’ont pas leurs gouailles habituelles face à de tels témoignages. Admiratifs, solennels parfois, ils interrogent nos nombreux invités pour éclairer nos esprits sur les enjeux du droit à l’information. Quel que soit l’avenir, ces jeunes hommes et femmes forcent notre respect… et nous leur dédions cette émission. Bonne écoute !

Photo : Olga Kravets – Noor Images