Loin de tomber dans l’écueil du « c’était mieux avant ! », cette émission est à la fois un savoureux voyage dans le temps et un exercice de mémoire ludique et nostalgique : celui du tirage argentique fait main et des procédés alternatifs. Il y a là une certaine éloge du temps; celui de l’attente de cette révélation qui serre le cœur du photographe (et du tireur) qui développe ses négatifs, il existe une certaine forme de magie libératrice et exutoire. On parle agrandisseur, cuve, chimie, loupe, marouflage, maquillage, margeur, contacteuse… des mots qui ont disparu du vocabulaire des photographes actuels, repus de pixels, habitués à juger instantanément leurs images sur un écran. Pourtant qu’il est bon et électrisant d’entendre nos invités s’épancher sur ces procédés anciens et l’art du tirage fait main. Leurs mots résonnent comme une langue ancienne mais qui se partage et intrigue n’importe quel passionné d’image. Elle intime des vagues souvenirs, des échos magiques, des techniques artisanales et une filiation qui démontrent la passion et la relation qui animent un tireur au photographe. Elle est essentielle pour qu’une image, parfois iconique, naisse. On se laisse porter par cette dialectique qui mêle rigueur et ingéniosité pour rentrer au cœur de l’image. Assurément le tirage quand il est porté à un tel niveau de maîtrise et d’exigence sublime le propos d’un auteur. Une photographie n’existe que si elle est imprimée a l’habitude de nous répéter Jean-Christophe Bechet, photographe et collaborateur au magazine. Un tirage signe une interprétation et une intention qui sont les marques de fabrique de la photographie, qu’elle soit numérique ou argentique d’ailleurs.