De son propre aveu, il ressent la nécessité de s’éloigner de l’activité et du tumulte humain pour se reconnecter à la nature et au monde animal. Son premier voyage en Afrique (2002), sur les territoires des plus grands mammifères terrestres fut à la fois un choc et une révélation. Depuis cette initiation, l’artiste décline ses images noir et blanc, sa signature indélébile, dans des festivals, dans de nombreux ouvrages, dans la presse ou encore lors d’expositions virtuelles (Covid-19 oblige !) pour partager cet émerveillement qui dure depuis 20 ans. Son œuvre, entre ombres et lumières, semble illustrer cette part de terreur et d’émerveillement qui frappent notre civilisation. Comme tous les acteurs sur le terrain il déplore amèrement le traitement et la place que réserve l’homme au règne animal sauvage dans le monde moderne. Son engagement est parfois radical, mais tellement logique et impérieux quand on assiste, dépités, à la dégradation rapide de ces écosystèmes et que l’on constate l’absence d’une réelle volonté politique internationale commune sur la crise écologique. Ses clichés tentent d’inverser la vapeur et son engagement souligne l’absolue nécessité de changer les mentalités. Cette sensibilité sert son art indéniablement au point qu’une photo de Laurent se reconnaît entre mille. Ses livres et ses tirages sont autant de manifestes comme en témoigne son dernier opus Éléphant aux éditions Hemeria. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu bavarder avec cet auteur unique et comprendre un peu plus l’homme et le photographe. Ses choix techniques illustrent parfaitement une approche très personnelle de cette discipline. Laurent est « habité » par cette quête. Cette masterclass n’est pas orthodoxe : aux conseils techniques se mêle une prise de conscience, un cri, une crainte. Elle permet (on l’espère) de comprendre pourquoi ce genre est si apprécié par la plupart d’entre nous. Derrière nos micros, Arthur et Benjamin étaient à fleur de peau en écoutant ce photographe remarquable. Bonnes écoutes !